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Hervé Guerrera, le régionaliste de l’étape - Le Dauphiné - 11 juin 2021

« Oui la Provence » est une liste qui se présente comme régionaliste. Pas étonnant donc qu’elle soit en lice pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Le nom de la liste qu’il porte aux régionales a de quoi tromper son monde. « Oui la Provence » sonne un peu comme un manifeste sécessionniste d’amateurs de fifres et de tambourins. Or pas du tout. Ou plutôt, pas seulement.

 

Certes, Hervé Guerrera et ses colistiers sont les défenseurs zélés de la culture et de la langue provençales, dont ils considèrent qu’elles ont une place dans une Europe qu’elles peuvent nourrir de leurs richesses, mais ils voient plus loin que ça. Plus loin, c’est un programme contenu en dix points qui promet d’offrir « des solutions adaptées aux territoires et aux réalités d’aujourd’hui comme aux enjeux de demain ». Bon d’accord, tous les candidats serinent peu ou prou ce même discours.

Il entend d’abord « réinventer la politique régionale » en Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment de manière à ce que les habitants des quartiers populaires retournent aux urnes, en stoppant « l’artificialisation à outrance des terres naturelles et agricoles », en « respectant enfin la planète et sa biodiversité », en « redéfinissant la politique des transports », ou encore en « dynamisant » pour la « rendre visible et accessible à tous » la langue régionale qu’est « l’occitan-langue d’oc »…

 

Alors à 63 ans, Hervé Guerrera, un briscard de la politique locale qui a déjà siégé au conseil régional sous la mandature du socialiste Michel Vauzelle, compte bien faire « du régionalisme à la Région ». Plutôt, dit-il, que de préparer l’élection suivante à peine élu. Malheureusement, au soir du 20 juin, l’arithmétique électorale pourrait bien l’en empêcher. Ni sot ni naïf, il ne l’ignore pas. Mais au moins cette campagne a le mérite de faire émerger ses idées, au sein de la région qu’il considère comme « l’échelon cohérent pour faire de l’aménagement du territoire, et pour réconcilier les citoyens et l’action publique ». En somme, l’arme idéale anti-abstention.

 

« Le fait régional se fond dans le fait européen »

 

Lors de la conférence de presse ensoleillée qu’il a organisée il y a quelques jours sur la terrasse d’un bistrot de la place aux Huiles, à Marseille, il a expliqué que sa liste emprunte la « voie citoyenne ». C’est-à-dire qu’elle n’arbore aucun « logo », et qu’elle est constituée « de militants et de militantes régionalistes ».

 

Pour la petite histoire, Ben, l’artiste niçois à la renommée internationale, figure à la 28e place de la section départementale de « Oui la Provence » dans les Alpes-Maritimes. S’il doit peut-être cet engagement au sang-mêlé qui l’irrigue, un quart occitan, un quart irlandais, et à moitié suisse, il n’est pas resté sourd non plus au discours d’Hervé Guerrera qui clame que « sans régions fortes, pas d’Europe ».

 

C’est aussi la position soutenue par son ami François Alfonsi, le seul député européen à porter l’étiquette Régions et peuples solidaires (RPS), pour qui « le fait régional se fond dans le fait européen ». Et c’est un Corse pur jus qui parle. Celui-ci appelle donc les Provençaux « à s’intéresser à l’avenir de la Provence ». Mieux, à le construire. D’ailleurs le tête de liste « Oui la Provence » exhorte ses concitoyens à « retrouver de la proximité pour faire du lien social ». Sous l’impulsion d’une région qui « propose et non qui impose ».

 

Autre grande affaire d’Hervé Guerrera, le nom de la région. Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, imposé au forceps par Renaud Muselier, l’agace prodigieusement. Le président sortant ayant coutume de dire que Paca « ça ressemble à rien », il a donc fait une question de principe de ce changement de dénomination qui a néanmoins du mal à se faire une place dans la bouche des gens du coin. Sauf qu’Hervé Guerrera, un brin radical sur le sujet, ne goûte ni à Sud ni à Paca. Lui est nostalgique de Provence . Tout court, sans rien d’autre derrière. Il appelle donc de ses vœux un référendum sur cette épineuse question.

 

Bio express

 

 Hervé Guerrera est âgé de 63 ans. Il a déjà été conseiller régional en Paca, sous le règne du socialiste Michel Vauzelle. Il est tête de liste de « Oui la Provence » en Paca, une dénomination qu’il n’aime pas.